"C'est souvent des moqueries" : au collège de Saint-Vaury, en Creuse, les élèves sensibilisés au harcèlement scolaire
Publié il y a 2 semaines
C'est un sujet difficile mais un sujet important dont il faut parler : le harcèlement scolaire. Au collège de Saint-Vaury, en Creuse, les élèves ont été sensibilisés ce jeudi 6 novembre, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. En France, un tiers des familles d'élèves d’enfants de 6 à 15 ans est touché par le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, révèle ce jeudi un sondage Odoxa pour Asmae – Association Sœur Emmanuelle. Et le collège de Saint-Vaury n'est pas épargné : "C'est souvent des moqueries, sur le physique, l'origine sociale ou le niveau scolaire comme 'tu ne comprends rien, tu es nul'. Des choses qui laissent des traces à force d'être répété à des élèves et que nous devons enrayer", explique Isabelle Mazeirat, la principale de l'établissement.
Ce jeudi 6 novembre, à Saint-Vaury, l'association Unis Cité, basée à Limoges, est intervenue auprès des élèves pour leur diffuser un court métrage, et les faire jouer à des jeux de rôle où les élèves se sont mis dans la peau des harceleurs et des harcelés : "Les personnes qui se moquent ne se rendent pas compte, elles ne voient pas le mal être d'un jeune. Pour elles, c'est peut-être banal, mais la personne en face le vit très mal", raconte Smail Bouteffah, coordinateur d'équipes et de projets au sein de l'association. Le but est donc de développer leur empathie et de leur montrer comment réagir face à ces situations, comme alerter un adulte et ne pas laisser un élève s'isoler.
"J'avais l'impression que tout le monde était contre moi"
Car pour les élèves victimes, il est souvent difficile de sortir du silence, témoigne Firmin, en 6ème, victime de harcèlement lorsqu'il était à l'école primaire : "Je n'ai pas pu en parler à un adulte. Je trouvais que j'étais un peu tout seul, je ne savais plus à qui parler. C'était tout un groupe [qui me harcelait], j'avais l'impression que tout le monde était contre moi". Héléna, également élève en 6ème, a elle réussi à se confier mais sans jamais réussir à être prise au sérieux : "J'ai essayé d'en parler à ma professeure. Elle me disait que puisque je le disais un peu tard, elle ne pouvait pas punir. À chaque fois que j'essayais d'aller en parler, mes deux harceleuses me menaçaient. Ça a duré pendant cinq ans, j'avais un peu peur d'aller à l'école et je n'avais plus trop envie d'en parler."
Au collège de Saint-Vaury, pour faciliter la parole, les élèves peuvent se tourner vers vingt élèves qui endossent le rôle d'ambassadeurs. C'est le cas de Lisa, une élève de troisième, depuis deux ans : "On essaie de regarder un peu tout le monde, pas que des personnes de notre classe, et de prévenir en cas de besoin. Les personnes ont un peu plus confiance en nous normalement et on est vraiment là pour ça, parce que souvent les élèves ont peur d'aller voir les professeurs, ils ont peur qu'ils ne les comprennent pas. Comme on a le même âge qu'eux et qu'on vit avec eux au quotidien, ça les aide à se confier."
Au sein de l'établissement, ce sont souvent les autres élèves qui alertent en cas de harcèlement, selon Myriam Lasnier, professeure documentaliste et référente contre le harcèlement. L'équipe ressource se réunit ensuite et écoute l'élève victime et l'élève présumé harceleur : "Quand on rencontre les intimidateurs, on les amène à réfléchir à la situation. On n'accuse personne. C'est d'amener les élèves à se dire qu'il y a un souci, que je fais des choses qui ne sont pas bien, et qu'il faut que j'arrête car j'ai un camarde qui souffre." Et cette méthode fait ses preuves selon Myriam Lasnier : les élèves cessent les moqueries et le nombre de signalements pour harcèlement scolaire a diminué au sein de l'établissement.