Nourrir les IA et séduire les humains : les nouveaux défis du tourisme en Creuse
Publié il y a 2 semaines
Nouvelles attentes, nouvelles pratiques, outils de communication : les défis du tourisme sont nombreux et amènent à jouer toujours plus collectif.
« Nous allons visiter la cité de la tapisserie à Aubusson. Nous resterons deux jours de plus, avec ma conjointe et notre chien. Que pouvons-nous visiter d’autres dans le secteur et où pouvons-nous nous loger ? » Après quelques fractions de seconde de “réflexion”, l’appli ChatGPT déroule un programme : visite du centre ancien, au lac de Vassivière le lendemain, suggestion (avec quelques photos) de sites d’intérêt dans les communes du sud de la Creuse… Pour l’hébergement, il conseille un hôtel renommé, précisant de vérifier par téléphone pour l’accueil d’un chien. Mais l’intelligence artificielle (IA) propose une recherche complémentaire de lieux spécifiant « chiens admis » dans un rayon de 30 km.
Faire ainsi appel à une IA comme assistant pour ses vacances, 30 % des Français le font régulièrement. « L’IA est absolument incontournable dans le monde du tourisme, à plusieurs niveaux », estime la présidente du comité régional de tourisme de Nouvelle-Aquitaine, Christelle Chassagne, venue jeudi à la Cité de la tapisserie signer une convention de partenariat avec Creuse Tourisme (son pendant départemental) et échanger avec les professionnels, entre table-ronde et conférences.
« L’enjeu pour nous est de rassembler le plus de données possibles et de les vérifier, les préciser, avec l’expertise des personnes sur le terrain. Si un chauffeur de poids lourd polonais borne avec son portable en Creuse, certains systèmes automatiques vont le classer comme un touriste étranger, à nous de corriger l’analyse… Ensuite, comme nous sommes des acteurs publics, les IA nous considèrent a priori comme une source fiable, avec de l’information de qualité. »
Bâtir des parcours en Creuse
Pour une structure touristique, de renseignements ou d’accueil, avoir son propre chatbot permet aussi de pouvoir répondre au client, de façon calibrée, à tout moment. Le partenariat entre le comité régional et Creuse tourisme participe à cette coordination des infos et au partage des bonnes pratiques, et permet au département de bénéficier d’une force de frappe. « Promouvoir la Creuse en dehors de la région à l’échelle nationale voire internationale serait hors de portée, financièrement ou en termes de contacts, si on ne bénéficiait pas des démarches collectives de la Nouvelle-Aquitaine », juge Catherine Defemme, présidente de Creuse Tourisme. « Même chose pour nous à l’étranger, avec le soutien d’Atout France », complète Christelle Chassagne.
Première région touristique de France, la Nouvelle-Aquitaine met en avant, pour la Creuse, des offres labellisées comme un séjour bas carbone, avec une arrivée par le train à La Souterraine, ou les propositions de circuits de vélo ou de randonnée… « La demande est là chez les cyclistes, avec notre circuit du Tour de la Creuse ou les grandes voies vélo qui nous traversent, constate Catherine Defemme. L’enjeu est de travailler avec les hébergeurs pour avoir des offres à la nuitée, avec quelques services, pour répondre à leurs attentes. »
De façon plus globale, « la Creuse peut bénéficier d’une tendance alors que les canicules se multiplient : la recherche de lieux de vacances plus au frais, plus à l’intérieur du pays que sur ses littoraux », observe Christelle Chassagne. Mais pour capter et retenir ses flux potentiels de touristes sur le territoire, « nous devons poursuivre nos efforts de coordination de l’offre, de l’accueil humain. Savoir mettre en valeur ce que le visiteur peut découvrir juste un peu plus loin depuis nos grandes portes d’entrées comme la Vallée des peintres et la Cité internationale de la tapisserie. Et construire ainsi des offres sur plusieurs jours. Je crois que tout le monde du tourisme en est convaincu désormais ».